Jean-Martin Charcot est un illustre médecin français né à Paris en 1825. Il s’agit d’un des plus grands cliniciens français et l’initiateur de la neurologie moderne et de la psychopathologie. Il est surtout connu pour ses travaux sur l’hypnose et ses recherches sur l’hystérie.
La plus grande clinique d’Europe
Enseignant d’anatomie pathologique à l’Université de Paris, de 1860 à 1893, Jean-Martin Charcot ouvre en 1882 une clinique neurologique, au sein de l’hôpital parisien de la Salpêtrière.
Cette clinique devint très réputée et des étudiants de toutes les nationalités s’y croisèrent. Parmi eux, le très célèbre Freud fût élève de 1985 à 1986. Il manifesta son intérêt pour les origines psychologiques de la névrose, sur la base des études sur la formation à l’hypnose réalisées par Jean-Martin Charcot.
A cette époque, il était en passe de découvrir une base organique à l’hystérie.
Ses travaux sur l’hystérie
L’étude de la physiologie et de la pathologie du système nerveux l’amène à établir une description très précise de la sclérose en plaques et de la sclérose latérale amyotrophique (la fameuse maladie de Charcot).
Dès 1870, grâce à ses études, la maladie mentale fut de plus en plus analysée. L’hystérie fut considérée comme une affection à part entière. Les malades soupçonnés de simulation lors de leur crise d’hystérie sont pris au sérieux, et Jean-Martin Charcot a étudié pour la première fois l’hypnose comme un symptôme de l’hystérie.
En 1873, il est élu membre de l’Académie de médecine. Depuis cette date, les maladies mentales commencent à être analysées et l’hystérie est de plus en plus reconnue par les médecins.
Pour lui, l’hystérie vient d’une dégénérescence héréditaire du système nerveux. Sigmund Freud, qui fut son élève entre 1885 et 1886, devait contester cette hypothèse.
Ses débuts dans l’hypnose à l’École de la Salpêtrière
A partir de ses recherches, il alimente des conférences et des cours à la Salpêtrière. Tout le gratin parisien accourt pour assister à ses formations et ces derniers sont publiés en 3 volumes puis traduits dans de nombreuses langues.
Arrivé à l’apogée de sa carrière de médecine, Jean-Martin Charcot s’intéresse à l’hypnose en 1878.
Il a acquis une réputation mondiale grâce à ses travaux en neurologie. Il était également passionné par des disciplines telles que la philosophie, la psychologie et l’étude des mécanismes de fonctions cérébrales.
Grâce à ses connaissances en neurologie, Jean-Martin Charcot étudiait les réflexes, les mouvements et la physiologie des personnes hypnotisées, mais s’attardait moins sur les phénomènes psychologiques. Il analysait surtout les hystériques, et voyait l’état hypnotique que les patients développaient comme une vraie névrose, constituée de trois états :
- Le premier est l’état de léthargie, qui s’installe par fascination ou par compression des globes oculaires lorsque le patient a les yeux fermés,
- Le second correspond à l’état cataleptique, où les membres du patient sont figés dans une attitude qu’on leur donne,
- Le troisième est l’état somnambulique. Il est acquis par fixation du regard et par d’autres pratiques.
Ces états correspondent au « grand hypnotisme » ou à la « grande névrose hypnotique », selon Jean-Martin Charcot lui-même. Il existe également de petits hypnotismes, aux phénomènes moins tranchés.
Des travaux souvent contestés
Les travaux de Jean-Martin Charcot furent l’objet de nombreuses critiques, notamment ses études sur l’hypnose, la métalloscopie, la métallothérapie.
Bernheim, médecin et neurologue français, a prouvé que l’hypnotisme et ses trois états, ainsi que les phénomènes caractéristiques de léthargie, de catalepsie et de transfert n’existent pas. Il affirma que ceux-ci n’arrivent pas tant que le patient ne sait pas s’ils doivent se produire. Seules l’imitation et la suggestion peuvent permettre l’obtention de ces phénomènes.
Le professeur Guilain, quant à lui, estime que Jean-Martin Charcot ne surveillait pas ses expériences car il travaillait à l’hôpital uniquement le matin, et laissait ses assistants préparer et hypnotiser ses patients l’après-midi.
Ses cours étaient tout public, pas uniquement réservés aux médecins, ainsi, Babinski pensait que la présentation des patients hypnotisés paraissait trop théâtrale. C’était également le cas d’Axel Munthe, écrivain suédois, qui décrivit les cours de la Salpêtrière de Charcot comme le rendez-vous mondain de Paris.
Le célèbre psychanalyste Freud, qui était à l’époque élève de Jean-Martin Charcot, assista le spécialiste de l’hypnose dans ses recherches sur les phénomènes hystériques, la suggestion hypnotique entrainant des paralysies et des contractures hystériques, et le fait que ces expériences donnent les mêmes manifestations spontanées chez tous les patients. Freud, faisant partie de l’entourage proche de Jean-Martin Charcot, affirma que de nombreuses questions lui venaient à l’esprit. Il ne comprenait pas pourquoi les assistants du médecin, qui étaient tous d’une grande valeur scientifique, n’osaient jamais le contredire ou le mettre en garde.
Le neurologue se rendit compte que ses travaux n’étaient pas assez solides, et il choisit de reprendre toutes ses études sur l’hypnose et même l’hystérie. Jean-Martin Charcot n’eut cependant pas le temps d’achever son travail et mourut en 1893 d’un infarctus du myocarde.
Droit image : Nadar